Un migrant sans-papiers sur deux n’utilise pas l’Aide médicale d’État

Un migrant sans-papiers sur deux n’utilise pas l’Aide médicale d’État

Seul un migrant en situation irrégulière sur deux, éligible à l’Aide médicale d’État, en profite pour accéder aux soins, selon une étude dévoilée mercredi.
Quelque 318 000 sans-papiers utilisent l’Aide médicale d’État, qui permet la prise en charge médicale des personnes en situation irrégulière sur le sol français depuis au moins trois mois. Ils ne représentent que 51 % des personnes éligibles à ce dispositif, souligne l’étude « Premiers pas » de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) et l’université de Bordeaux.

Ces résultats, fondés sur une enquête réalisée à Paris et dans l’agglomération bordelaise en 2019 auprès de 1 223 étrangers, « suggèrent que la plupart des migrants ont peu de connaissances de l’AME et n’ont pas tous la capacité à se saisir d’un dispositif complexe ».

« Même après cinq années ou plus de résidence en France, 35 % […] n’ont pas l’AME », précise cette étude dévoilée mercredi 27 novembre. Au total, « seules 51 % des personnes qui y sont éligibles bénéficient » de cette aide.

« Une question très politisée »

En l’absence de données en France sur les sans-papiers, le nombre de bénéficiaires de l’AME sert traditionnellement de statistique pour mesurer leur présence sur le territoire. « Ça objective le fait qu’il y a plutôt 600 000 sans-papiers que 300 000 en France », explique le professeur Jérôme Wittwer, coauteur du rapport.

« Cette étude permet de ramener des bases objectives de discussion sur cette question très politisée », ajoute-t-il, trois semaines après les annonces gouvernementales sur l’immigration.

Les mesures sur la santé ont notamment été orientées par le rapport des Inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF) sur l’AME publié la veille, affirmant que la « migration pour soin n’est clairement pas un phénomène marginal ».

Des gens originaires d’Afrique subsaharienne

Selon l’étude de l’Irdes, sept personnes éligibles à l’AME sur dix sont des hommes, même si les femmes y ont beaucoup plus recours (60 % contre 47 %). Six sur dix sont originaires d’Afrique subsaharienne, 25 % d’Afrique du Nord.

La durée du séjour joue beaucoup : les sans-papiers en France depuis moins d’un an ne sont que 24 % à en bénéficier, contre 70 % de ceux installés depuis 3 à 5 ans. Au total, 10 % des sondés ont évoqué la santé comme raison de leur migration. Mais ceux qui l’ont fait sont les plus nombreux (66 %) à accéder aux soins.

OUEST-FRANCE.fr

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