DOSSIER : SECTEUR CULTUREL, DIVERSITÉ CULTURELLE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

La diversité culturelle est « une force motrice du développement » et un « atout indispensable pour atténuer la pauvreté et parvenir au développement durable » selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Comment définir la corrélation entre le secteur culturel, la diversité culturelle et le développement durable. Dossier

 

La diversité culturelle est la constatation de l’existence de différentes cultures nécessaires, comme la biodiversité est la constatation de l’existence de la diversité en biologie dans la nature. Elle est souvent associée à la diversité linguistique, qu’elle englobe.
Selon la définition de l’Unesco, on entend par culture, l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social.

La diversité culturelle se manifeste par la reconnaissance des différentes langues, histoires, religions, traditions, modes de vie ainsi que toutes les particularités attribuées à une culture.
Expression à la mode, le développement durable est né des réflexions menées depuis plus de trente ans autour des limites du modèle de croissance productiviste.

Si tout le monde s’en réclame, et s’il commence à inspirer des actions concrètes, les désaccords restent nombreux sur son utilisation.

Quelle conception de la culture pour le développement des Durable
Hormis les références à la protection des minorités culturelles que l’on trouve dans la Déclaration de Rio, et qui s’appuient sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, les premiers textes concernant le développement durable mentionnaient peu la culture.

Si le concept de développement durable avait pour ambition de replacer l’être humain au cœur du dispositif, l’homme a surtout été considéré comme un être biologique, et non comme un être culturel.
Les textes évoquent souvent la nécessité de satisfaire les « besoins vitaux » de l’homme, c’est-à-dire se loger, se nourrir et se soigner, mais les aspirations d’ordre artistique, culturel ou spirituel sont peu abordées.

Une reconnaissance récente de la dimension culturelle du développement
C’est lors du Sommet de Johannesburg en 2002 que les questions culturelles ont commencé à être évoquées : l’importance de préserver la diversité culturelle a ainsi été affirmée.

Les questions d’ordre culturel ont été plusieurs fois abordées au sein des instances internationales au cours de la dernière décennie, avec notamment la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle de 2001, qui reprend la définition de la culture adoptée lors de la conférence Mondiacult de Mexico en 1982.

Cette Déclaration a été suivie par la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles signée en 2005, laquelle est en grande partie l’aboutissement des débats relatifs à la notion d’exception culturelle.

La notion de diversité culturelle remplace ainsi la notion d’exception culturelle, qui avait été développée dans le cadre des négociations du GATT puis de l’OMC, et qui concerne surtout la protection des industries culturelles et notamment le secteur de l’audiovisuel et du cinéma.
Un rapprochement progressif entre culture et développement durable

En 2002, la Commission Française du Développement Durable a donné un avis qui stipulait clairement que l’approche du développement durable devait intégrer la dimension culturelle au même titre que les trois autres dimensions, et devait même en constituer le quatrième pilier : « La diversité des cultures, patrimoine de l’humanité tout comme le patrimoine naturel qu’est la biodiversité, doit être protégée afin d’être transmise aux générations futures. Elle doit être enrichie par une dynamique d’échanges interculturels et de création, qui permette à chaque être humain de construire son rapport aux autres, son rapport au monde ».

On note depuis peu un rapprochement des deux champs d’intervention. Et c’est sans doute le terme de diversité culturelle, propulsé dans les débats par l’UNESCO et aujourd’hui très médiatisé, qui semble pouvoir rassembler les deux principales significations du terme culture, d’une part, et qui permet de faire le lien entre la culture et le développement durable, d’autre part.

La notion de diversité est en effet un élément essentiel du concept de développement durable, qu’il s’agisse de la diversité culturelle ou de la diversité biologique.

Selon la déclaration de l’UNESCO de 2001, « la diversité culturelle contribue à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle plus satisfaisante pour tous, et constitue l’un des éléments essentiels de transformation de la réalité urbaine et sociale ».

Vers des projets culturels qui replacent les habitants au centre des démarches
Les questions relatives à l’articulation entre la culture et le développement durable apparaissent au moment où le monde de la culture est lui-même confronté. Le diagnostic est ambivalent : d’un côté, certains estiment que la culture est en crise, alors que d’un autre côté, on reconnaît qu’elle n’a jamais été aussi vive et foisonnante. Au-delà des incertitudes réelles quant au financement de la culture, on prend conscience, qu’une page est sans doute en train de se tourner.

Des réflexions portent sur les finalités des politiques culturelles publiques, le positionnement des différents acteurs, leurs implications esthétiques, sociales et politiques, et donc plus largement le rôle de la culture dans la société.

On observe depuis quelques années l’émergence de nouvelles démarches culturelles qui semblent vouloir rompre ou du moins se différencier des politiques traditionnelles, lesquelles se sont longtemps inscrites dans la seule logique d’une offre publique artistique et culturelle.

La prise en compte du développement durable dans les projets culturels
La question de l’articulation entre culture et développement durable commence à mobiliser les acteurs dans le monde : les Ministères de la culture, les grands établissements culturels, les collectivités territoriales, les associations et structures culturelles, ainsi que les artistes.

On note toutefois des degrés d’engagement variables et les termes utilisés font l’objet d’interprétations diverses. En outre, les modalités d’intervention sont multiples, et la participation des habitants varie selon les partenaires et selon les projets.

On estime à ce jour à plus de 350 le nombre de villes dans le monde qui ont mis en place un Agenda 21 de la culture, ou qui, du moins, cherchent à s’inspirer de la démarche.

Les principaux axes d’intervention concernent la protection et la promotion de la diversité culturelle, la mise en place de la transversalité dans les politiques publiques, et le développement d’une démocratie participative.

Il s’agit donc de repenser les finalités des politiques publiques et de modifier les modes de gouvernance, afin d’impliquer davantage les habitants, et de remettre le citoyen au cœur de la définition, du suivi et de l’évaluation de la politique culturelle.

Par ailleurs, un nombre croissant de projets culturels ou artistiques, portés par des structures diverses, commencent à traiter, directement ou indirectement, des enjeux du développement durable.

Même si c’est souvent la dimension environnementale qui est prise en compte (réflexion sur les modes de déplacements des publics, les questions énergétiques ou le recyclage des déchets), ces structures cherchent à s’ouvrir plus largement aux questions de société.

Toutefois, on peut considérer qu’au-delà de positionnements et de discours intéressés, des réflexions communes sont effectivement en train d’émerger, avec comme objectifs la promotion de projets reposant sur des valeurs de solidarité, de respect de la diversité culturelle, de démocratie locale et de citoyenneté.

Cependant il reste néanmoins capital de mobiliser les industries culturelles et les arts comme une des clés du développement durable car elles fonctionnent comme levier du développement économique dans la nouvelle économie de ‘l’immatériel’ tout en étant porteuses de valeurs culturelles et sociales.

 

FADEL K.

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