DOSSIER : FAUT-IL ENCOURAGER LES MARIAGES MIXTES ET/OU INTER-RELIGIEUX AU MAROC

 

Le mariage mixte apparaît comme le lieu privilégié où les cultures s’affrontent, dialoguent et se fondent. Au regard des défis posés à la société multiculturelle, le couple mixte se présente comme un laboratoire intensif d’échanges, d’analyses, de synthèses, capable d’imaginer des solutions originales applicables à un niveau individuel mais susceptibles d’inspirer les politiques collectives ou dans certains cas d’être transposées à l’échelle de la société. Les micro-changements apportés par ce type d’union sont capables d’annoncer de profonds changements sociaux. Dossier.

 

Le fait de contracter un mariage mixte est souvent associé à une plus grande ouverture d’esprit antérieure. Nous avons été amenées à considérer le mariage mixte comme union binationale.
Cependant cette notion comprend bien d’autres aspects : ainsi les mariages entre classes sociales ou entre groupes d’âges peuvent être considérés comme tels. D’autres définitions limitent ce type de mariage aux unions interethniques ou inter-religieuses.

Ces exemples montrent à quel point il s’agit d’une notion « sans frontière ».
Le Mariage Mixte peut être défini comme « toute union conjugale conclue entre personnes appartenant à des religions, à des ethnies ou à des races différentes, si ces différences provoquent une réaction de l’environnement social »

Cependant, les réactions souvent hostiles de l’entourage et de la société en font une union « à haut risque ». Dans la mesure où les réactions de l’entourage provoquent une remise en question du couple, tout au long de sa trajectoire, les étapes de la vie de ses membres sont sans doute, plus encore que dans un couple homogame de même nationalité, susceptibles d’être ponctuées par une série de crise.

Les occasions d’opposition, dues aux différences de culture, sont plus nombreuses. Elles obligent les partenaires à un effort permanent de communication pour maintenir un modus vivendi enrichi d’imagination.

Communication, imagination et tolérance sont les ingrédients obligatoires du quotidien des couples mixtes. Les mariages mixtes sont, en quelque sorte, le condensé de la communication entre deux cultures et représentent en cela un phénomène universel.

Un couple mixte commence parfois par l’attirance vers un pays, une culture ou une couleur de peau. Elle est née d’un voyage, d’une lecture, d’un film, d’une rencontre. Il y a très tôt le désir de surmonter les contraintes et les difficultés supplémentaires liées à ce type d’union.

Enthousiasme et prudence vont de pair. Pour le mariage mixte, le choc culturel est presque certain. Évidemment, ce type d’union frappe d’autant plus que les différences physiques sont visibles et que l’impact culturel est fort. Il faudra aux conjoints trouver une manière de communiquer sans se heurter l’un l’autre.

C’est un apprentissage long et difficile qui demande beaucoup de patience, de tolérance et de souplesse. Parler la même langue ne suffit pas ; parfois les mots ne veulent pas dire la même chose pour chacun d’eux.

Chaque civilisation accorde une valeur différente au silence, à l’organisation du temps, à la fête, aux personnes âgées, à l’argent, à la façon de faire sa toilette, de manger (le pain). Le rôle de l’homme et de la femme aussi bien que celui de l’enfant change d’une société à l’autre.

Le mariage mixte, Marocain-étrangère, étranger-Marocaine est un fait social qui s’est répandu depuis que l’immigration vers l’autre rive a commencé. Il est l’union légitime d’un homme et d’une femme de religions, de cultures ou de nationalités différentes.

Dans le premier cas, le mariage se déroule sans contraintes, notamment religieuses. Par contre une Marocaine ne peut convoler en justes noces avec un étranger sauf si ce dernier se convertit à l’Islam. Une condition à caractère purement religieuse.

Mais du point de vue administratif, il faut parfois s’armer de patience pour venir à bout de ce que l’on croyait être une simple formalité.

Pour se marier au Maroc, différentes étapes et procédures sont à respecter. Selon la nationalité des futurs époux, les formalités administratives et religieuses peuvent se révéler pour le moins simples ou alors longues et fastidieuses. Surtout, pour un couple composé d’un non-Marocain et d’un citoyen marocain.

Si vous êtes de nationalité étrangère et que vous désirez épouser un(e) citoyen(ne) marocain(e), l’administration peut vous inviter à un entretien destiné à déterminer la véritable nature de votre mariage.

Vous devez obtenir la permission des autorités locales pour vous marier sur le territoire marocain, qui plus est avec un citoyen marocain. Pour cela, une demande doit être faite auprès du Procureur du Roi en respectant les étapes suivantes : Consulter l’Adoul, ou officiant, qui officiera votre mariage.

Une fois votre dossier déposé, rendez-vous au tribunal de la famille, devant le Procureur de la République et ensuite rendez-vous à la préfecture de police, qui étudiera votre demande.
Une fois ces formalités accomplies, vous obtiendrez l’approbation du tribunal de la famille (ou de l’ambassade, pour les non-Marocains) pour votre mariage. À ce stade, vous pouvez enfin commencer à planifier la célébration !

 

S’il n’est pas musulman, les choses deviennent plus compliquées. Une copie certifiée conforme de l’acte de conversion à l’Islam ou tout autre moyen justificatif prouvant la confession musulmane de l’époux est obligatoire.

Cette disposition, bien que respectant les principes de l’islam, se heurte à une jeunesse marocaine de plus en plus européanisée, et qui estime pour bon nombre que contraindre par la religion une personne à vous épouser, c’est ignorer le fait qu’aimer une personne n’est pas une affaire de religion ou d’origine ethnique mais de cœur.

Et pour ceux d’entre eux qui en ont les moyens, préfèrent se rendre en Europe ou dans le pays d’origine de leur fiancé pour y célébrer leur union. Parce que selon eux les procédures et condition dans ces pays sont plus faciles à intégrer, surtout quand ce n’est pas un pays musulman.

Cependant, Plusieurs rapports internationaux dressent un bilan pessimiste sur l’institution du mariage au Maroc, précisant que le célibat au royaume a atteint 40% en 2018. Recrudescence qui serait certainement dû à une procédure de mariage trop longue et/ou compliquée pour les candidats au mariage, et certainement le coût parfois extrêmement élevé des cérémonies de mariage.

En effet, 8 millions de Marocaines sont célibataires alors qu’elles ont atteint l’âge du mariage, selon un rapport d’un organisme britannique qui assure que 40% des marocains en l’âge du mariage sont célibataire.

Selon la même source, l’organisme britannique explique cette tendance par la pression de la vie quotidienne et les pressions sociales et familiales ainsi qu’une certaine image des femmes célibataires au Maroc.

Le rapport ajoute que l’institution du mariage souffre énormément du célibat, surtout que le royaume chérifien est considéré comme un pays conservateur.
Le mariage mixte, qui est un creuset entre les civilisations et les cultures, se trouve entre le marteau du droit interne et l’enclume de la modernisation et l’ouverture du Maroc.

 

FADEL K.

Sources:

OPENEDITION.org
SERVICE-PUBLIC.ma
AUJOURD’HUI.ma
CCME.ORG.ma

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