ECONOMIE : PERFORMANCE DE L’ECONOMIE AFRICAINE

Selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique de l’Est est la région la plus dynamique du continent, tandis que l’Afrique australe est à la traîne. En Afrique, la forte croissance économique peine à réduire le chômage et la pauvreté

La croissance économique se renforce en Afrique, mais elle est insuffisante pour réduire le chômage et la pauvreté, estime la Banque africaine de développement (BAD) dans ses « Perspectives économiques 2019 », publiées jeudi 17 janvier. Selon ses estimations, la croissance sur le continent a atteint 3,5 % en 2018 (contre 3,6 % en 2017) et devrait grimper à 4 % en 2019 puis à 4,1 % en 2020.   « La situation du continent est bonne. Les performances économiques générales de l’Afrique continuent de s’améliorer », commente le président de la BAD, Akinwumi ADESINA, cité dans le rapport.

L’Afrique de l’Est tire l’économie du continent, avec une croissance de 5,7 % en 2018 et des prévisions de 5,9 % en 2019 et 6,1 % en 2020, suivie de l’Afrique du Nord (4,3 %, 4,4 %, 4,3 %). L’Afrique de l’Ouest est dans la moyenne (3,3 %, 3,6 %, 3,3 %), tandis que l’Afrique australe est à la traîne (1,2 %, 2,2 %, 2,8 %), plombée par les mauvaises performances de l’Afrique du Sud. Enfin, l’Afrique centrale devrait rebondir à partir de 2019 (2,2 %, 3,6 %, 3,5 %).

Malgré ces bonnes performances, la croissance « reste insuffisante », note M. ADESINA, non seulement « pour faire face aux défis structurels que constituent les déficits courants et budgétaires persistants et la vulnérabilité de la dette », mais aussi pour créer suffisamment d’emplois. « La population africaine en âge de travailler devrait passer de 705 millions de personnes en 2018 à près d’un milliard d’ici à 2030. Au rythme actuel de la croissance de la main-d’œuvre, l’Afrique doit créer chaque année environ 12 millions de nouveaux emplois pour contenir l’augmentation du chômage », selon le rapport.

« Pour éviter le piège de l’économie informelle et le chômage chronique, l’Afrique doit s’industrialiser et créer de la valeur ajoutée pour ses abondantes ressources agricoles et minérales », plaide M. ADESINA.  « Sans changement structurel significatif, la plupart des emplois créés le seront probablement dans le secteur informel, où la productivité et les salaires sont bas et le travail précaire, rendant l’objectif d’éradication de l’extrême pauvreté d’ici à 2030 difficile à atteindre », met en garde le rapport.

Par ailleurs, notons que l’importante et persistante dépendance de la majorité des économies africaines à l’exportation des produits de base représente un risque structurel majeur pour leur croissance économique. Cette situation, rappellent-ils, les exposent aux fluctuations de la demande et des prix des produits de base.

Quant à l’intégration économique, M. ADESINA relève qu’une « Afrique sans frontières n’est pas seulement un idéal politique. Elle pourrait également constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel pour accélérer la croissance et rendre le continent plus compétitif dans le commerce mondial et les chaînes de valeur.

Perspectives économique en 2019
La croissance du PIB de l’Afrique devrait s’accélérer à 4.0 % en 2019 et atteindre 4,1 % en 2020.
Ce taux reste néanmoins insuffisant pour résorber les déficits budgétaires et courants persistants et à une dette devenue parfois insoutenable. Il faut donc que les pays accélèrent leur taux de croissance et renforcent son efficacité pour créer des emplois décents. Les Perspectives 2019 montrent que les résultats macroéconomiques et en matière d’emploi sont meilleurs lorsque l’industrie mène la croissance.

Les nouvelles recherches sur lesquelles se fondent cette édition des Perspectives montrent que cinq mesures de politique commerciale pourraient porter les gains totaux de l’Afrique à 4,5 % de son PIB, soit 134 milliards de dollars EU par an.

Premièrement, il faut éliminer tous les tarifs bilatéraux appliqués aujourd’hui en Afrique. Deuxièmement, les règles d’origine doivent rester simples, souples et transparentes. Troisièmement, il faut éliminer tous les obstacles non tarifaires au commerce des biens et des services sur la base de la nation la plus favorisée.

Deuxièmement, il faut mettre en œuvre l’accord de facilitation des échanges de l’Organisation mondiale du commerce afin de réduire les temps de passage aux frontières et les coûts de transaction liés à des mesures non tarifaires. Cinquièmement, il faut négocier avec d’autres pays en développement en vue de réduire de moitié leurs barrières tarifaires et non tarifaires sur la base de la nation la plus favorisée.

La population africaine en âge de travailler devrait passer de 705 millions de personnes en 2018 à près d’un milliard d’ici 2030.1 Avec l’arrivée de plusieurs millions de jeunes sur le marché du travail, la pression pour fournir des emplois décents va s’intensifier.

Au rythme actuel de la croissance de la main-d’oeuvre, l’Afrique doit créer chaque année environ 12 millions de nouveaux emplois pour contenir l’augmentation du chômage. Une croissance économique forte et durable est indispensable à la création d’emplois, même si cela n’est pas suffisant. La source et la nature de la croissance sont également des éléments importants.

L’Afrique a progressivement intégré plusieurs de ses activités lors des 60 dernières années. Dans un premier temps, au cours des années 1960 et 1970, le modèle d’intégration autocentrée sur le continent reflétait le désir des pays africains de se développer indépendamment des anciens pouvoirs coloniaux.

L’unification économique était censée être la solution au dilemme du développement de l’Afrique, et de nombreux Africains estimaient que cela nécessitait une union politique.

Toutefois, la plupart des dirigeants des jeunes États africains se sont avérés peu enclins à encourager l’érosion de la souveraineté nationale au profit de l’émergence d’une autorité supranationale visant à coordonner et gérer les affaires de l’Union africaine.

FADEL K

Source : Rapport de la Banque africaine de développement (BAD)

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