Sensibilisation sur la migration irrégulière : Des artistes et des blogueurs ambassadeurs de l’UNESCO !

Sensibilisation sur la migration irrégulière : Des artistes et des blogueurs ambassadeurs de l’UNESCO !

Comment amener les artistes (rappeurs et slameurs) et les blogueurs à concevoir des messages de sensibilisation dans leur travail quotidien ? Voilà le challenge que s’est lancé le bureau de l’UNESCO au Mali qui, en collaboration avec la Maison de la Presse, vient d’organiser à Sélingué, deux ateliers de formation et de sensibilisation. Le premier tenu du 13 au 14 novembre 2019 visait les jeunes artistes et le second, (15 – 16 novembre 2019) a réuni une vingtaine de blogueurs de Doniblon, la Communauté des Blogueurs du Mali et l’Association des blogueurs du Mali. Ces deux activités s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Autonomiser les jeunes en Afrique par les médias et la communication pour un meilleur accès de la jeunesse à une information de qualité sur la migration au Mali » financé à hauteur de 3 millions de dollars par l’Agence italienne pour la coopération au développement.

D’abord, une vingtaine de jeunes artistes (rappeurs et slameurs) ont pendant deux jours, du 13 au 14 novembre 2019, suivi une formation à l’hôtel club de Sélingué sur les différentes facettes de la migration.
Le premier Vice-président de la Maison de la presse, Daouda Mariko, lors de la cérémonie d’ouverture, a souhaité la bienvenue aux jeunes artistes. Il a expliqué le sens du projet avec l’UNESCO qui consiste à apprendre aux jeunes artistes comment concevoir des messages de sensibilisation dans les chansons sur les effets de la migration irrégulière pour aider les potentiels candidats à renoncer à cette forme de migration. « Vous avez une voix autorisée qui porte, si vous êtes bien sensibilisés vous pourrez intégrer la problématique de la migration irrégulière dans vos objectifs artistiques. Il s’agit de faire de vous des as de la conception de la musique et du slam dans la formation et la sensibilisation des futurs candidats à l’immigration clandestine». Il a invité les jeunes artistes à suivre la formation avec assiduité car, dit-il, c’est un début avec l’UNESCO qui peut être une belle aventure pour chacun de vous. Il a remercié l’UNESCO pour l’initiative.
L’émissaire du Représentant de l’UNESCO au Mali, Mme Clarisse Njikam, a remercié la Maison de la Presse à travers le ministère de la Communication, chargé des relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement pour la collaboration franche et sincère qui a permis la réalisation de cet atelier. Selon elle, la session de formation vise à faire des jeunes artistes, des ambassadeurs de l’information et de la sensibilisation sur les aspects de la migration. « Il ne s’agit pas pour nous de dire que la migration n’est pas bonne, mais plutôt de dénoncer la manière par laquelle les candidats prennent le chemin. C’est pour vous permettre de pouvoir rédiger un texte, un message de sensibilisation sur les méfaits de la migration irrégulière. »
Clarisse Njikam a ensuite indiqué que le projet « Autonomiser les jeunes en Afrique par les médias et la communication pour un meilleur accès de la jeunesse à une information de qualité sur la migration au Mali » concerne 8 pays, à savoir : le Sénégal, le Nigeria, le Cameroun, la Côte-d’Ivoire, la Guinée équatoriale, le Ghana et le Mali.

Berthè’s et Appo au-dessus de la mêlée
Pendant deux jours, les facilitateurs Sidy Soumaoro alias Ramsès et Abba Bocoum ont entretenu les jeunes artistes (rappeurs et slameurs) sur le phénomène de la migration notamment, les raisons et avantages de la migration, les inconvénients de la migration irrégulière avec son corollaire de victimes dans la Méditerranée et dans le Sahara.
Selon Ramsès, le phénomène concerne les populations des pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays riches. « Les clandestins prennent des risques importants pouvant mettre leur propre vie en péril ». Il a aussi précisé que dans plusieurs cas, on ne migre pas pour aller chercher un meilleur niveau de vie, mais pour se sauver la vie : cas des pays en guerre.
Le rappeur du célèbre groupe Tata Pound a appris aux jeunes comment écrire un texte de rap, les critères à respecter. Un exercice qui a permis aux jeunes, conformément aux TDR, de rédiger leur propre texte sur la migration. Parmi les textes présentés, celui de la rappeuse Sassoumah Béréthé Camara a été classé meilleur par le jury. Quant aux Slameurs, c’est Youssouf Diakité dit Appo qui s’est distingué du lot. Ces deux jeunes artistes ont ensuite été encadrés par les facilitateurs et enregistrés en studio pour produire de vrais messages de sensibilisation visant à dissuader d’éventuels candidats à la migration irrégulière.
Une vingtaine de blogueurs formés dans la production et la diffusion des succès stories de migrants de retour au pays
Le deuxième atelier de formation, qui s’est déroulé les 15 et 16 novembre 2016, à l’attention des jeunes influenceurs, visait à favoriser la production et la diffusion de « succès stories » sur les bonnes pratiques des migrants de retour au pays.
Compte tenu de l’importance de la thématique, le ministre de la Communication, chargé des relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement, M. Yaya Sangaré, a tenu à être présent. Il a déclaré que son département soutient toute initiative qui vise à renforcer les capacités des hommes et des femmes de média en vue d’améliorer leurs connaissances, surtout sur les questions migratoires, pour la facilitation de l’accès à l’information de qualité sur les réussites des migrants dont beaucoup de retour dans leur pays sont à la tête des projets structurants qui font bouger bien des choses en Afrique.
Toujours selon le ministre, si les médias classiques jouaient un rôle crucial dans l’élaboration du récit de la migration, aujourd’hui avec les réseaux sociaux, les influenceurs, les blogueurs, les ‘’Community managers’’ comme disent les Anglais, sont devenus des acteurs incontournables dans la production et la diffusion des informations de qualité. « Je voudrais, ici, lancer un appel à chacun de vous, d’œuvrer pour le retour de la paix et de la stabilité dans notre pays, à travers vos productions et vos diffusions sur les réseaux sociaux », a ajouté le ministre Sangaré.
Après un exposé de Clarisse sur le projet « Autonomiser les jeunes en Afrique par les médias et la communication », le formateur, Abdoulaye Guindo, président de la Communauté des blogueurs (Doniblon), a longuement entretenu les blogueurs sur la migration, ses avantages et ses inconvénients. Selon lui, le Mali est un pays de tradition migratoire dont un quart des 19 millions d’habitants vivent à l’étranger. En 2018, 532 milliards de nos francs ont été transférés à travers le circuit officiel au pays par les migrants. M. Guindo a, par ailleurs, évoqué toutes les atrocités inimaginables que subissent les migrants clandestins sur la route et dans les pays d’accueil.

Toutefois, le facilitateur s’est empressé de dire que la réussite ne passe pas forcément par la Méditerranée. « On peut bel et bien réussir en restant au pays ». Il a notamment rappelé la politique d’appui de l’Etat aux migrants de retour pour leur insertion socio-professionnelle. Conformément aux TDR, Abdoulaye Guindo a indiqué que le récit des cas de réussite de migrants de retour peut faire cas d’école.
Pour y parvenir, trois groupes de travail ont été formés. Deux étaient chargés de faire des articles-types et un autre de réaliser une vidéo. Il s’agissait, au terme de l’exercice, de renforcer les capacités des blogueurs à identifier des cas de ‘’succès stories’’ de migrants de retour au pays, à réaliser une vidéo ou écrire un article, sur ces cas, où des migrants, après avoir vécu l’enfer, sont revenus entreprendre des activités génératrices de revenus dans leur pays. Cela pour sensibiliser les candidats clandestins à revenir au pays pour travailler.
Ce coup d’essai fut un coup de maître. Le premier Vice-président de la Maison de la Presse, Daouda Mariko, s’est dit satisfait et émerveillé par non seulement le talent caché des jeunes, mais aussi par le bon déroulement de l’atelier. «La mission, à vous confiée, est capitale car vous êtes écoutés. Nous allons faire d’autres choses avec vous». Il a donné des conseils aux jeunes artistes ainsi qu’aux blogueurs avant de les inviter à persévérer. Le premier Vice-président de la Maison de la Presse a remercié l’UNESCO pour l’initiative et les formateurs pour leur assiduité.
Abondant dans le même sens, Mme Clarisse Njikam a, au nom du Représentant de l’UNESCO, ajouté : « Nous avons formé une famille, nous allons continuer à explorer comment travailler ensemble. L’UNESCO, par ma voix, vous remercie tous. Mettez-vous ensemble, élaborez des projets et nous ferons ce que nous pouvons faire !», a-t-elle déclaré.

 

MALI24.info

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