ACCUEIL DES ÉTRANGERS AU MAROC: RAFLES AU FACIÈS, FLOU DANS L’OBTENTION DU TITRE DE SÉJOUR. OU VA LE PAYS DE MOHAMMED 6?

ACCUEIL DES ÉTRANGERS AU MAROC: RAFLES AU FACIÈS, FLOU DANS L’OBTENTION DU TITRE DE SÉJOUR. OU VA LE PAYS DE MOHAMMED 6?

Au regard des dernières actualités en matière de traitement des étrangers subsahariens au Maroc, on pourrait dire que le royaume chérifien n’échappe pas à la donne mondiale. Recevant depuis longtemps des migrants de différentes origines, et en particulier subsahariens, il est devenu, depuis quelques années, un pays de destination et/ou de transit de nouvelles migrations. Si certains migrants s’y installent après avoir tenté d’atteindre sans succès l’Europe, d’autres optent pour le Maroc comme destination.

La décision de Sa Majesté Le Roi Mohamed VI de lancer la deuxième opération de régularisation des immigrés en moins de cinq ans, après celle de 2014 ou 23.096 personnes ont été régularisées, a été saluée par tous les observateurs du domaine de la migration au Maroc. Cette deuxième opération de régularisation qui a eu lieu du 15 décembre 2016 et le 31 décembre 2017, a permis de régulariser la situation d’environs 24.000 personnes.

Mais force est de constaté que les formalités concernant l’établissement des titres de séjours sont devenues plus contraignantes depuis deux ans, et sont vécues par les étrangers comme un frein à l’immigration. À ce titre, Outre les formalités précédentes, l’intéressé doit désormais déposer une copie de sa carte consulaire, un certificat médical de non affection de maladies contagieuses et un extrait du casier judiciaire.

Autre inconvénient, la plupart des étrangers interrogés ont souligné que la nécessité de fournir un contrat de bail était le principal obstacle à leur immatriculation, car les propriétaires ne veulent ni ‘’s’encombrer’’ de démarches administratives contraignantes, ni payer d’impôts pour la location de leur logement.

S’agissant des étrangers qui souhaitent travailler au Maroc, il est très difficile pour eux de faire valider leur séjour au titre d’un emploi trouvé, car l’employeur souhaitant recruter un étranger doit obtenir une attestation dite ANAPEC prouvant que le profil recherché ne peut être trouvé auprès des demandeurs d’emploi nationaux.

La procédure doit être menée dans les trois mois de leur entrée et nécessite deux publications d’annonces d’emploi dans deux journaux, l’un arabophone et l’autre francophone dont la liste est fixée au niveau national. Formalité qui peut se chiffrer à près de 5000 dirhams, au frais de l’employeur. Un montant qui n’encourage pas les employeurs à recruter des travailleurs étrangers.

Pour Hervé Matoté, jeune congolais : « Quand vous partez à la recherche d’un emploi, et que vous voulez vous faire établir un titre de séjour, on vous exige un contrat de travail, et quand vous allez chercher un travail pour espérer avoir le contrat, là encore on vous exige le titre de séjour, finalement nous sommes perdus au milieu de toute cette confusion qui a notre avis n’a aucun sens . Sans toutefois omettre de souligner le caractère méfiant, dur, fermé, non accueillant, des autorités marocaines qui sont chargées de nous recevoir lors du dépôt du dossier concernant l’établissement ou le renouvellement du titre de séjour. » Conclut-il.

S’agissant de la procédure des rafles, à ce niveau et selon les informations qui nous sont parvenues, les éléments de la police marocaine ne sont pas exemptes de tous reproche.

En effet selon Moussa Sissoko : « nous estimons être victime de rafle au faciès, lorsque la police vous voit dans la rue, il suffise seulement que vous soyez noir de couleur, elle vous embarque automatiquement sans chercher à vérifier si vous avez ou non des documents, s’il s’avère une fois au poste de police que vous avez le malheur d’avoir oublié vos papiers à la maison ou de n’en avoir pas du tout, vous êtes immédiatement conduit dans des villes comme Béni Mellal, Safi ou à la frontière avec la Mauritanie. Autre fait que nous déplorons et que nous dénonçons, c’est que ce ne sont pas les policiers eux-mêmes qui nous arrêtent la plus part du temps, mais des civiles qui nous remettent aux forces de l’ordre après nous avoir dépouillés de nos biens.»

Il poursuit en disant : « Nous parlons de rafles au faciès, parce que seuls les noirs sont ciblés pars ces rafles qui sont devenues régulières créant la torpeur au sein de la communauté noir du Maroc, pour nous cela est inadmissible, parce que à aucun moment nous ne voyons ces rafles dirigées vers les communautés européennes ou asiatiques vivant ici au Maroc »

En définitive, le cadre normatif en vigueur au Maroc vise plus à autoriser l’étranger à séjourner pendant une courte durée, qu’à y résider. Les conditions liées au travail, au mariage et les contraintes religieuses ont tendance à décourager les étrangers à vivre de manière permanente au Maroc.

Toutefois, la loi marocaine apparaît plus sévère dans les textes que dans la pratique. De nombreux étrangers ont à ce sujet souligné le fait de pouvoir circuler librement par moment sans crainte, même lorsqu’ils ne sont pas en règle.

FADEL K.

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