Un « Bal des migrant.e.s » pour faire danser ensemble Franciliens et sans-papiers

Un « Bal des migrant.e.s » pour faire danser ensemble Franciliens et sans-papiers

Samedi 13 Juillet 2019 se tenait la quatrième édition du « Bal des migrant.e.s » à Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris. Le rendez-vous était un moment fort, malgré la volonté des autorités de gâcher la fête.
Samedi, en fin de journée, la foule danse place de la Bataille-de-Stalingrad. Migrant.e.s et Francilien. ne.s font la fête ensemble et partagent un moment de solidarité. Il est environ 20h, quand la musique s’interrompt pour appeler les danseurs à la prudence. Une demi-heure plus tôt, des policiers se seraient présentés sur la place avec une réquisition du procureur leur enjoignant de procéder à des contrôles d’identité. « Ce n’est pas ce qui va nous gâcher la fête », lance dans le micro Héloïse Marie, la présidente du Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM) qui organise l’évènement. La musique reprend, un tube de Rachid Taha enflamme la piste.

Un court moment de liberté

Une demi-heure plus tard, l’organisation doit faire une nouvelle annonce. Des policiers casqués s’approchent de la place avant de se raviser. Cette année, le nouveau préfet de Paris, Didier Lallement, a décidé de n’autoriser la manifestation que jusqu’à 21h. « Histoire de bien faire comprendre à tout le monde que la place des migrants ce n’est certainement pas à l’intérieur de Paris, mais à l’extérieur », commente Héloïse Marie.

La soirée organisée en marge du bal des pompiers se voulait un court moment de liberté au cours duquel les personnes sans papier pouvaient s’approprier l’espace public sans craindre la répression. « C’est hyper important, d’autant plus que les migrants ont été chassés de la capitale vers la périphérie », explique l’organisatrice.

« C’est une manière aussi de faire la fête tous ensemble et d’expliquer que notre projet de société est là et surtout pas dans une nouvelle loi Asile et Immigration ». Elle résume le message fort que porte cette soirée dans une interrogation : « Est-ce qu’on veut un Paris festif, joyeux et mélangé socialement ou une ville qui exclut systématiquement toute personne qui ne serait pas CSP ? »

Malgré la pression exercée par la préfecture l’association a réussi son coup. Derrière les platines, quatre DJ se relaient bénévolement. Barbara Butch, également responsable du pôle LGBT du BAAM, voit dans le bal un aboutissement. « On allie la fête à quelque chose de politique et le mélange c’est politique ! », affirme-t-elle. Sur la place, Évelyne, 78 ans, fait la fête avec les migrants. « Ça permet de se mélanger et de partager un moment dans un but politique. Migrer, c’est un droit fondamental. L’homme a toujours migré », clame la septuagénaire qui est venue spécialement de Champigny. « La fête, c’est important pour tout le monde », souligne Ali, un Soudanais de 27 ans qui vit en Paris depuis trois ans, mais qui n’est pas habitué à faire la fête avec les habitants de la capitale. « C’est important de faire la fête pour soutenir les assos qui aident les sans-papiers et parce qu’habituellement on n’associe pas les réfugiés à la fête », constate Nicolas, étudiant en urbanisme qui a entendu parler de la soirée par le bouche-à-oreille.

« Tout le monde regarde vers la France »

« Je suis très content parce qu’on a montré de la solidarité avec les sans-papiers. La France à une devise : Liberté Égalité Fraternité. Mais ce n’est pas ce que j’ai vu dans ce pays. C’est pour ça que ce moment est important », nous explique Ismaïl Suleyman, présent sur place. L’homme est aussi le secrétaire politique de l’une des factions du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N), actuellement engagé dans la révolution qui secoue ce pays. Il ne cache pas son désarroi face à l’attitude des autorités françaises qui vient ternir la fête.

« La France, c’est l’une des premières révolutions du monde pour obtenir la liberté, mais aujourd’hui les politiques français ne la continuent pas et ne vont pas au bout de cet idéal. Tout le monde regarde vers la France, c’est un pays important. Quand on a fait la révolution au Soudan, c’était notre première référence. »

Les organisateurs ont finalement continué à jouer de la musique jusqu’à 21h30. Amel Bent et les Black Eyed Peas résonnent sur la place et les participants sont en liesse. La soirée s’achève sur une standing-ovation pour les Djs et des slogans solidaires avec les sans-papiers et la révolution au Soudan. « Au BAAM, on n’est jamais déçus, toujours en colère ! », assène Héloïse Marie. Au quotidien son association offre du soutien juridique et social aux migrants, elle les aide à obtenir des emplois, à apprendre le français et à accéder à la culture. Le 7 et le 8 septembre, l’association organisera le BAAM Migrant Festival.

 

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