Bénin Musique : décès de Stan Tohon, Roi du Tchink system

Deuil dans le monde musical béninois

Pas une deuxième résurrection pour Stan Tohon, le Roi du « Tchink system »

 

L’une des stars de la musique béninoise s’en est allée. Stan Tohon a cassé la pipe ce mardi 26 février 2019 en France où il était admis aux soins depuis quelques jours. Si le roi du « Tchink system » a pu sortir indemne d’une situation semblable quelques années plus tôt, cette fois-ci, ses proches ont reçu la confirmation de son décès et s’apprêtent certainement déjà à faire le deuil de cette grosse perte.

 

Un artiste ne meurt pas, dit-on ! Ses œuvres sont d’ailleurs la preuve flagrante qu’il restera bien vivant dans les esprits de tous. Stan Tohon, artiste musicien chanteur Béninois de renommée internationale, a cassé la pipe à 64 ans, dans un hôpital parisien où il suivait des soins depuis plusieurs jours.

Il était sans aucun doute l’une des figures marquantes de la musique béninoise de ces trente dernières années, tout comme Angélique Kidjo. Roger Stanislas Tohon de son nom à l’état-civil, a marqué toute une génération de passionnés de la musique africaine. La nouvelle de son décès ce mardi a animé abondamment les réseaux sociaux dans son Bénin natal. Ce qui, pour nombre de Béninois était dans un premier temps accueilli comme un « fake news » en fin de matinée, sera malheureusement confirmé un peu plus tard en début d’après-midi, par les proches du Roi du « Tchink System ». Faut-il le rappeler, en 2003, Stan Tohon avait frôlé le pire, dans une situation semblable. A son retour de Paris où il avait été hospitalisé, l’artiste sort le single « Résurrection ». Une chanson-culte dans laquelle il rend grâce à Dieu, en décrivant les moments de maladie difficiles passés, sans pour autant oublier de témoigner sa reconnaissance aux différentes personnalités qui l’ont soutenues. La moralité de cette chanson largement partagée par tous – c’est dans les moments difficiles que l’on reconnait ses vrais amis – a contribué à son grand succès. Dans la foulée, il se convertit à l’Islam et devient Mohammed Ibitosh, puis convole en justes noces avec sa chorégraphe franco-marocaine Khadidja.

Entre autres albums à succès du Roi du Tchink system, on pourrait citer entre autres, Yallow » en 1977, « Bamanou » en 1977. Mais aussi et surtout, « Zémidjan », un véritable hommage aux taxi-motos sorti en 1991, « Orè Tito » réalisé avec l’artiste béninois Jean Godonou Dossou (en 2000), « Résurrection » en 2003, ou encore « Non à la violence » (en 2004 pour dénoncer les violences et conflits en Afrique), qui sont autant de productions ayant contribué à hisser au sommet de son art Stan Tohon que l’on pouvait facilement reconnaitre par sa voix grave et puissante, tout comme sa stature impressionnante.

 

Quel héritage pour la postérité ?

Les débuts de Stan Tohon remontent à la fin des années 70 où il interprétait déjà des stars de la musique américaine telles que Otis Redding ou James Brown. Passionné des rythmes traditionnels qui promeuvent d’ailleurs le patrimoine vodoun, il crée plus tard le « Tchink system », une version modernisée et électrifiée du « Tchingounmin » qui est une danse traditionnelle du Centre du Bénin. C’est notamment dans la région des Collines à Savalou que Stan découvre ce rythme qui repose sur des percussions à base d’eau. Une musique sacrée dont il s’entiche et s’engage à porter aux quatre coins du monde avec une touche particulière enjolivée par des instruments modernes. Ainsi a vu le jour le « Tchink system » qui le révèlera à toute l’Afrique et au reste du monde au moyen de plusieurs albums à succès.

C’est à 64 ans que ce « mastodonte » de la musique béninoise a tiré sa révérence, en laissant à la postérité une discographie foisonnante évaluée à plus d’une trentaine d’albums. Mais également, un événement culturel majeur qui servira à perpétuer son œuvre. Il s’agit du « Fine Tchink Music Festival » dont la quatrième édition en décembre dernier a encore permis à « Papy Grande », comme l’appelaient ses fanatiques, de dénicher de nouveaux talents qui incarnent la nouvelle génération d’artistes capables de porter encore plus loin le « Tchink system ».

Par Cir-Raoul HOUNGBEDJI

 

 

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