Union Africaine : le Maroc dévoile les grandes lignes de l’Agenda Africain sur la Migration

Le gouvernement marocain a profité de la Conférence ministérielle africaine sur la migration, qu’il accueille à Rabat, la Capitale du Royaume, pour donner aux participants un aperçu de l’Agenda Africain sur la Migration. Confié lors du 28e sommet de l’Union Africaine au Maroc, la rédaction de cet Agenda devra être publié lors du trentième sommet panafricain et devra remettre les pendules à l’heure, unifier et démystifier les questions liées à la gestion des flux migratoires.

La capitale marocaine Rabat abrite depuis le 8 janvier la « Conférence ministérielle Africaine pour un Agenda africain sur la Migration » (MCAAM), un événement qui s’inscrit dans le cadre de l’action de l’Union Africaine (UA) en matière de migration dont la coordination a été confiée au Souverain marocain, le roi Mohammed VI, lors du 28e sommet de l’UA. Un document qui devrait mettre fin à la « fausse perception » qui fait de l’Afrique, le synonyme de migration. En effet, les africains ne représentant que 14% des 258 millions de migrants enregistrés dans le monde en 2017.

Nouveau chapitre de la gestion migratoire

Cette réunion a été l’occasion pour le pays hôte de dévoiler en partie sa feuille de route en la matière, face aux différentes délégations ayant fait le déplacement. Présentée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Royaume, cette ébauche est un « avant-goût », avant la présentation officielle de l’Agenda Africain sur la Migration qui est prévue pour le 30e sommet à venir de l’UA.

« Il s’agira certes, de la culmination du processus, mais certainement pas de sa fin. Bien au contraire, ce sera le début d’un nouveau chapitre qui verra notre vision africaine commune portée à nos partenaires extérieurs et aux Nations Unies, pour une appropriation commune à l’échelle internationale », a précisé Nacer Bourita, le chef de la diplomatie marocaine.

Le document final devrait ainsi s’articuler autour de 3 axes principaux, en premier « faire de la migration en Afrique, un choix et non une nécessité », le second axe visera à « s’affranchir des idées reçues et de battre en brèche les stéréotypes associés aux migrants », alors que le troisième devra « forger une vision globale, intégrée et holistique de la migration ».

En clair, la politique migratoire continentale devra avant tout, démystifier la question, « la connaissance informée est la condition sine qua none de toute réponse africaine fiable, concrète et complète. Il suffit pour s’en apercevoir, de rappeler que la migration est régulière à hauteur de 80%, qu’elle bénéficie d’abord aux pays d’accueil puisque 85% des apports y restent », explique le ministre marocain des Affaires étrangères.

Démystifier la question

Le patron de la diplomatie marocaine a également tenu à rappeler que sur 5 migrants africains, 4 demeurent sur le continent. Le futur agenda devra selon ses concepteurs prendre en compte « la vision multidimensionnelle du phénomène », ce qui se traduirait par l’amélioration significative des données « quantitatives et qualitatives » sur la migration, qui déboucherait sur la mise en place de politiques nationales cohérentes ou encore l’amélioration de la coordination sous régionale.

« L’Agenda Africain sur la Migration est orienté vers l’action et a pour objectif ultime de promouvoir une coopération optimale entre les pays d’origine, de transit, de destination et de retour », résume Bourita.

Cet Agenda devra également mettre un terme aux politiques de maîtrise des flux actuellement en cours, qui de l’aveux de Nasser Bourita « se sont révélées inefficaces, puisqu’elles interviennent uniquement en aval des mouvements migratoires ». Pour le diplomate, les politiques de maîtrise des flux, la lutte contre la migration forcée, la traite des êtres humains et le trafic de migrants « doivent aller de pair avec la création et l’élargissement des voies régulières de migration ». D’ailleurs, le partage des responsabilités en matières de gestion des frontières, de retour, de réadmission, d’intégration et de réintégration des migrants devraient représenter un des volets majeurs de l’Agenda.« En somme, l’Agenda Africain sur la Migration suppose un changement de paradigme, une redéfinition de la migration, qui s’appuie sur une démarche introspective et positive ainsi qu’une volonté politique réelle des Etats, qui ont tous intérêt à ce que la migration se fasse dans la sécurité, la légalité, la régularité, l’ordre et le respect des droits humains », a poursuivi le ministre marocain des Affaires étrangères.

Avant le trentième sommet de l’UA, le Royaume compte étoffer sa copie avec les résolutions qui seront tirées du Forum mondial sur la Migration et le Développement, dont la onzième édition se tiendra au Maroc (5 au 7 décembre prochain) ou encore avec les résultats de la Conférence d’Adoption du Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières, qui se tiendra également au Royaume du Maroc les 10 et 11 décembre 2018.

 

La Tribune Afrique

Leave a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *